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Friendship Force Toulouse

Toulouse - Barrage du Bazacle

"A Toulouse, le Bazacle était un gué sur la Garonne autour duquel, il y a 2500 ans, s'est formée une agglomération.

A partir du XIIème siècle, un barrage, puis une chaussée ont été construits pour canaliser l'énergie sauvage du fleuve, dont le débit atteint parfois plus de 600 m3 par seconde. En effet, juste en amont de Toulouse, le fleuve est gonflé par l'Ariège, rivière rapide qui descend des Pyrénées.

En traversant la ville, la Garonne fait un coude qui a été exploité depuis le moyen âge par un moulin, après avoir construit un premier mur de retenue d'eau et un canal de fuite. A l'époque, c'était le premier, c'est-à-dire le plus important moulin hydraulique d'Europe ! La chaussée actuelle a été édifiée en 1713. Elle mesure 270 mètres de long et forme une chute d'eau de 4,20 mètres.

L'hiver, le matin à 7h30, en arrivant par l'écluse Saint-Pierre qui donne accès au canal de Brienne, c'est encore la nuit. En face, sur la rive gauche, quel est ce serpent lumineux et rougeoyant qui se faufile sur la digue des abattoirs ? C'est une oeuvre d'art contemporain qui déploie son ruban rouge vif contre la pierre, tel un mollusque ou un serpent ... Un fil rouge un peu comparable est peint rive droite sur le dessus de la digue de pierre du quai Saint-Pierre ...

Au lever du jour, on sent le vent d'ouest frais, hydraté et stimulant. Je me crois sur les remparts de Saint-Malo et pense à mon amie toulousaine Renée (Qui est de Paramé). En s'approchant, l'on est attiré par le ronronnement sourd de la chute d'eau. Alors ..., la vue est splendide : Derrière cette longue chute d'eau, on distingue sur la rive gauche les vieux remparts de Toulouse au moyen âge, avec leurs grosses tours rondes discrètement éclairées par le bas ; Au- dessus, l'énorme coupole de la Chapelle de l'hôpital La Grave trône sur les toits de tuiles du quartier Saint-Nicolas et se reflète avec élégance dans le miroir de la Garonne.

Par temps froid, de grosses mouettes grises à la queue blanche arrivent depuis Bordeaux sans doute, et séjournent "au chaud", un peu à l'abri entre les digues. Avec les jeunes mouettes blanches et d'autres volatiles marins, elles s'alignent sur le gros tuyau qui retient les débris en amont du moulin, et puis s'ébrouent énergiquement, avant de s'envoler vers le soleil en se reflétant dans l'eau.

L'été, après plusieurs jours de beau temps, l'eau du Bazacle est transparente, vert pâle, presque blanche. Elle devient même brune au-dessus des herbes qui affleurent en aval "à marée basse".

De bonne heure, quand le vent ne s'est pas encore levé - La récompense des levers matinaux - les deux rives de la Garonne sont encore illuminées et les trois ponts se reflètent aussi sur cette surface lisse glacée.

L'après-midi, lorsque les murs de brique de l'écluse Saint-Pierre sont chauds, brûlants et saturés de soleil, le bruit de la chute d'eau et l'ombre des platanes du quai Saint-Pierre annoncent la fraicheur, l'hydratation, le repos, la détente.

Par beau temps, vers 13 heures, en débouchant de l'écluse Saint-Pierre, la surface est vaste, éblouissante, étincelante (Sparkling ,comme disent les anglais) dans toute la perspective dégagée vers l'aval. La forme savamment étudiée du mur de retenue de la chute d'eau est successivement pointue vers l'amont près du quai Saint-Pierre, puis forme une ligne droite perpendiculaire au mur de l'hôpital La Grave, rive gauche, en fonction des différents débits et de la profondeur du fleuve.

Ce qui est fascinant pour moi, c'est le contraste absolu entre cette grande étendue d'eau  lisse et silencieuse, cette surface rapide, fluide, glissante et ... l'après-chute sur toute la longueur de cette cascade, autour des rochers et des petits îlots, où les eaux sont remuantes, grondantes, tourbillonnantes, fumantes et même vaporeuses parfois.

En s'approchant du vieux moulin du Bazacle (qui fonctionne encore quand la Garonne est propre et fournit un débit suffisant) on observe des oiseaux migrateurs qui font escale quelques jours ou plusieurs semaines sur les roches au milieu de l'eau et sur les troncs d'arbres bloqués par la chaussée.

Après la pluie, en s'approchant du Quai Saint-Pierre, le grondement bruyant de la chaussée du Bazacle annonce un spectacle encore plus fort. Ce sont des boues jaunasses, des branches et des débris flottants en très grande quantité qui basculent énergiquement et sans arrêt dans le vide de la chute.

En septembre, en aval du Bazacle, après la période de beau temps et de sécheresse, ce sont les grandes marées basses avec de nombreux îlots découverts, et l'on a presque envie de traverser à pied.

Vers l'amont, dans l'autre sens, en débouchant de l'ancienne Manufacture des Tabacs, les contrastes sont saisissants aussi. Parfois, la partie fluide est parfaitement lisse devant le pont Saint-Pierre et jusqu'au pont Neuf, puis en aval, la chute est agitée et ronronne. Elle forme même un petit ressaut, comme une petite vague d'écume neigeuse, qui tente inlassablement de remonter le courant, avec pour toile de fond le pont des Catalans et ses hauts jambage de briques et de pierres.

Les quais : A Venise, c'est grandiose ;

A Florence, c'est magnifique ;

A Paris, c'est splendide !

Maintenant, à Toulouse, après toutes les restaurations depuis plusieurs années : C'est merveilleux !!!!!"

 

Merci à Elizabeth Mainfroy pour ce texte qu'elle a rédigé le 15 mai 2001.

 

 

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